samedi 25 mai 2013

Qui a les clés pour innover ? Ou comment désactiver votre cerveau pour être plus créatif...

Lors de l'ouverture de la table ronde du Forum 4i, qui s'est tenu à Grenoble le jeudi 23 mai, Thierry Menissier, professeur de philosophie à l'Institut de l'Innovation (qui anime les Ateliers de l'Imaginaire de Grenoble), a posé cette question simple :
Qui a les clés pour innover?
Selon lui, la réponse se trouve dans la combinaison de trois composantes :
  • les inventeurs, les investisseurs et les industriels,
  • les pouvoirs publics, qui veillent à l'Intérêt Général,
  • un être hybride : l'usager-consommateur-citoyen
 Je vous propose, pour cet article, de nous intéresser à la première composante.

Les inventeurs


Geneviève Fioraso, Ministre de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur, a déclaré, en ouverture du Forum 4i :
 "Il faut cesser d'opposer Recherche et Innovation"
Son objectif est d'étendre l'ouverture des universités et des organismes de recherche vers les entreprises. Si l'état d'esprit et les objectifs ne sont certes pas les mêmes entre un chercheur à l'université et un chercheur d'une entreprise privée, ils restent cependant des inventeurs à part entière.

Une récente étude publiée dans Cognitive Neuroscience (Chrysikou E. & al, Noninvasive transcranial direct current stimulation over the left prefrontal cortex facilitates cognitive flexibility in tool use, Cognitive Neuroscience, 2013) montre qu'en désactivant une zone du cortex préfrontal gauche, les cobayes ont fait preuve de davantage de créativité quant à l'utilisation possible d'objets du quotidien. En effet, cette zone agirait comme une sorte de filtre de nos pensées inutiles, et donc de notre créativité. Cette découverte ne pourrait-elle pas révolutionner le futur de l'innovation et de l'invention? Les industriels pourraient ainsi "façonner" des inventeurs, en stimulant volontairement leur créativité. Une telle démarche (éthiquement contestable si elle ne concerne que des volontaires ?) pourrait fortement accélérer les avancées technologiques des prochaines décennies...

Les industriels

Or, l'étude menée par Ricoh et The Economiste Intelligence Unit révèle que les grands patrons européens s'inquiètent du rythme rapide de l'évolution technologique. Ils admettent que les changements technologiques impactent positivement la créativité et l'innovation, mais ont peur...de ne plus pouvoir suivre ! Ils redoutent notamment de ne pas réussir à adapter les processus de l'entreprise à ces évolutions technologiques.

Les investisseurs

Le Forum 4i est surtout l'occasion pour des start-ups de convaincre des investisseurs de soutenir leurs projets. Plusieurs investisseurs (3M New Ventures, Robert Bosch Venture Capital, Sony, Seb Alliance et Samsung) ont indiqué qu'ils étaient prêts à apporter jusqu'à plusieurs millions d'euros aux entreprises qui leur semblent les plus prometteuses dans des domaines d'activités variés. L'un d'eux a rappelé aux inventeurs, qui sont souvent des technologues mais pas forcément de bons communicants, que leur façon de présenter leur projet était essentielle : les investisseurs sont en quelque sorte leurs premiers clients, il faut donc les convaincre par un argumentaire commercial soigné. Force est de constater que la communication est souvent le point noir des start-ups!

La prochaine conférence européenne sur la R&D et l'innovation

La solution, afin qu'inventeurs, industriels et investisseurs accordent leurs violons, sera peut-être identifiée lors de la prochaine conférence européenne sur la R&D et l'innovation (CONCORDi-2013) qui se déroulera les 26 et 27 septembre à Séville, en Espagne. Cette conférence s'attachera en particulier à identifier les facteurs et les obstacles affectant la relation entre l'innovation et la croissance des entreprises européennes. L'investissement des entreprises en faveur de la R&D et de l'innovation sera abordé sous deux angles : l'accès des entreprises aux sources externes de financement, et l'utilisation stratégique des ressources internes.

Maintenant j'aimerais que vous répondiez à cette question dans les commentaires :   
Seriez-vous prêt à désactiver volontairement une zone de votre cerveau pour être plus inventif?
En effet, ce sujet me semble "brûlant", et je suis curieuse (par nature!) de connaître vos points de vue. Merci!

vendredi 3 mai 2013

Le bois énergie a de l'avenir!

Le bois énergie, en raison de la disponibilité et de son caractère renouvelable s'il est issu de forêts durablement gérées, est une énergie d'avenir face aux énergies fossiles.

En France, les forêts sont en pleine expansion : chaque année, 68 000 nouveaux hectares de bois sont plantés. Tant que le volume de bois prélevé ne dépasse pas cet accroissement, la ressource est renouvelable. A ce jour, seuls 60 % de cet accroissement annuel sont récoltés. (source : AGEDEN)

La filière bois-énergie contribue à l’entretien des forêts, ce qui évite les incendies et permet à la forêt de produire du bois d’œuvre. La filière bois-énergie utilise également les "déchets verts" liés à l'entretien des espaces ruraux et des forêts.


Le bois énergie est utilisé par trois secteurs :
  • Le secteur domestique représente les ménages qui utilisent le bois, essentiellement sous forme de bûches, pour le chauffage de leur habitat (maisons individuelles en grande majorité)

  • Le secteur collectif/tertiaire : ce secteur recouvre l'ensemble du chauffage collectif par chaudière bois, avec ou sans réseau de chaleur, pour l'habitat (résidences, HLM) et le tertiaire (bureaux, bâtiments administratifs, hôpitaux, écoles…). Les écorces / sciures, broyats de DIB et plaquettes sont les combustibles les plus valorisés dans les chaudières collectives.
  • Le secteur industriel est composé principalement des entreprises de la filière bois - transformation du bois, fabrication de papier-carton et panneaux - qui valorisent leurs produits connexes en chaudière (écorces, sciures et liqueurs noires) pour assurer leurs besoins de séchage.(source : FIBRA)
Selon une étude récemment publiée par Xerfi (avril 2013), la consommation finale d'énergie issue de la biomasse – hors bois des ménages - a progressé de plus de 4% par an entre 2005 et 2011, alors que la consommation énergétique totale de la France a légèrement reculé sur la même période. Dans l'atteinte des objectifs 2020 en matière d'énergies renouvelables, le bois énergie pourrait, selon cette étude, contribuer à 70% aux marchés de la biomasse en France.

Par ailleurs, cette filière, souvent éclipsée par la photovoltaïque ou l'éolien, génère des retombées économiques considérables, de l'ordre de 27,4 milliards d'euros en Union Européenne pour 2011 (source : EurObserv'ER 2012). Les 274 000 emplois (source : EurObserv'ER 2012) se situent essentiellement dans le secteur forestier et la fourniture de combustible, mais aussi dans la construction et l'exploitation des centrales biomasse, sans oublier les activités de fourniture de technologies et de composants pour les installations de chauffage, la fabrication des chaudières et des poêles.

Néanmoins, la filière bois manque de structuration en amont : les 3,5 millions de propriétaires gagneraient à s'associer sous forme de coopératives. Les entreprises de la filière sont souvent de taille artisanale, et les investissements nécessaires pèsent souvent lourd sur leur comptabilité pendant plusieurs années. Pour les aider, le Fonds stratégique d'investissement bois (http://www.fonds-fsi.fr/) peut prendre des participations dans les entreprises de la filière bois.

L'industrie du bois énergie devra en outre rester attentive aux conditions de production de la biomasse importée (notamment hors UE), et notamment en mettant en place des critères de durabilité.

En complément, je vous invite à lire ou relire cet article sur l'importance de bien connaître sa filière, et où vous trouverez un schéma de la filière bois.